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L'euro digital : pourquoi la BCE n'a juste pas le choix (trop tard?)

Monnaies digitales & pouvoir

TL;DR :

  • La BCE va lancer un euro digital, car elle n’a pas le choix d’une part pour garder le contrĂŽle de la monnaie et disposer d’un back-up en cas de dĂ©faillance Ă  large Ă©chelle; mais aussi parce que ce type de “monnaies” a certaines propriĂ©tĂ©s intĂ©ressantes dans un monde oĂč la valeur est Ă©changĂ©e de maniĂšre virtuelle.
  • Cependant, des initiatives privĂ©es existent, plus dĂ©centralisĂ©es et indĂ©pendantes de l’EurosystĂšme.

Pourquoi la BCE ferait ça alors que ça n’irait pas dans le sens du systùme financier existant qui pourtant :

  • Assure la crĂ©ation monĂ©taire via la distribution de crĂ©dit aux particuliers & aux entreprises
  • Finance l’économie en essayant de minimiser le risque systĂ©mique
  • Assure une bonne partie de la surveillance de l’activitĂ© financiĂšre (Lutte contre le blanchiment des capitaux, remontĂ©e d’informations fiscales, etc.)
  • Permet la circulation de monnaie & d’actifs en tous genres (actions, obligations, etc.)

En fait, elle n’aura pas le choix pour 3 raisons (au moins !).

I. Trois “bonnes” raisons pour lesquelles la BCE va sortir “un euro digital”

  1. S’ils ne le font pas, un acteur privĂ© s’en chargera. C’est dĂ©jĂ  le cas pour l’USD, il existe actuellement au moins 4 dollars digitaux (on parle de stablecoins) trĂšs utilisĂ©s :
  • L’USD Tether, gĂ©rĂ© par l’entreprise Tether Limited (62Md$ en circulation)
  • L’USD Coin de Coinbase (26,5Md$ en circulation)
  • Le BUSD de Binance (10,6Md$ en circulation)
  • le DAI, l’USD entiĂšrement dĂ©centralisĂ©, gĂ©rĂ© par un Smart Contract (5,5Md$ en circulation)

CĂŽtĂ© euro, nous avons dĂ©jĂ  le sEUR (Synthetix), l'EURS (Stasis), et l’Euro Tether.

Les cryptos sont une rĂ©alitĂ© en cours de rĂ©alisation et qui continuera Ă  se dĂ©ployer quoi qu’il arrive et sans possibilitĂ© d’interdiction efficace et dĂ©finitive.

A vrai dire, l’euro digital qu’on retrouve dans les plans actuels de la BCE n’est pas vraiment dĂ©centralisĂ© et ne contentera pas les aficionados de la dĂ©centralisation, bien au contraire. Les initiatives privĂ©es prendront quand mĂȘme de l’importance (c’est dĂ©jĂ  le cas).

  1. Un effondrement du systĂšme monĂ©taire n’est pas totalement Ă  exclure Ă  moyen terme, en effet, les signes de difficultĂ©s s’accumulent, sans solutions efficaces envisageables sans grand bouleversement de l’existant, par exemple :
  • Des signes inquiĂ©tants sur le crĂ©dit aux particuliers, entreprises, et mĂȘme aux Ă©tats
  • On ne voit pas de porte de sortie aux politiques monĂ©taires expansionnistes (aka “la planche Ă  billet”) sans rĂ©action trĂšs punitive de la part des marchĂ©s (un krach majeur)
  • Des Ă©conomies incapables de fonctionner sans intervention forte de la part des banques centrales
  • Des niveaux de croissance de la valorisation des actifs absolument invraisemblables, consĂ©quence directe des points prĂ©cĂ©dents, et surtout dĂ©corrĂ©lĂ©s de la croissance de la production et des revenus

La crise du COVID n’est rien d’autre qu’un projecteur qui s’est allumĂ© pour rĂ©vĂ©ler la fragilitĂ© d’une grande machine qui fonctionne en conditions normales, mais pas si rĂ©siliente que ça et qui n’a pas Ă©tĂ© pensĂ©e pour s’adapter aux changements et incidents de parcours. Le systĂšme monĂ©taire reposant sur la dette bancaire plutĂŽt qu’une contrepartie (type Ă©talon-or) est en danger. Il faut un systĂšme de secours, un back-up Ă  actionner en cas de dĂ©faillance du systĂšme principal, quitte Ă  concurrencer le systĂšme en place. La monnaie joue un rĂŽle central dans toute sociĂ©tĂ© moderne.

  1. La dĂ©centralisation est une tendance de fond de ces derniĂšres dĂ©cennies, qui se propage progressivement. Peu importe ce qu’on en pense, cette tendance va dans le sens de la rĂ©silience et de l’élimination des points de dĂ©faillance uniques (Single points of failure). Evidemment, en tĂąche de fond s’entrevoit une perte de confiance dans “le politique”, et une dĂ©sillusion confortĂ©e par l’état actuel de la rĂ©partition des richesses. Au-delĂ  de ça, la dĂ©centralisation prĂ©sente d’autres caractĂ©ristiques qui la rendent super sĂ©duisante quand elle est bien menĂ©e. AprĂšs tout, qu’est ce que la dĂ©mocratie si ce n’est un moyen de diffuser et de diluer la responsabilitĂ© et le pouvoir, de les dĂ©centraliser. C’est aujourd’hui le mode de gouvernance considĂ©rĂ© comme le moins pire, mais la route fĂ»t trĂšs longue avant d’en arriver lĂ . Est-ce qu’on peut dire que les systĂšmes monĂ©taires europĂ©en ou amĂ©ricain sont organisĂ©s sur un mode de gouvernance participatif, orientĂ© vers le bien commun ? (ceci est une vraie question, je n’ai pas d’avis tranchĂ© lĂ -dessus)

II. “L’euro digital”, un instrument de contrĂŽle et de politique monĂ©taire

Au passage, il faut savoir qu’un euro digital centralisĂ©, c’est tout d’abord un euro parfaitement traçable et “transparent” pour les autoritĂ©s europĂ©ennes (une rĂ©volution dans le monde de la monnaie d’état !). Il pourrait ĂȘtre d’un grand bĂ©nĂ©fice pour :

  • Faire la chasse Ă  la fraude fiscale de maniĂšre efficace (estimĂ©e Ă  80-100 Mds€ de manque Ă  gagner pour le TrĂ©sor Français seul !!!)
  • Tracer toutes les transactions, et donc repĂ©rer plus facilement le travail non dĂ©clarĂ©, et tout ce qui se rapporte Ă  la LCB-FT, au crime organisĂ© et autres traffics.
  • Dans la lignĂ©e des mesures de politiques monĂ©taires non conventionnelles, distribuer de la monnaie directement aux mĂ©nages, en mode hĂ©licoptĂšre monĂ©taire sans intermĂ©diaires. Quoi de mieux pour relancer vĂ©ritablement la consommation plutĂŽt que de passer par le crĂ©dit bancaire (#InvestissementLocatif #IntĂ©rĂȘtsNĂ©gatifs) et ses effets sur les inĂ©galitĂ©s et le prix des actifs ?

Se pose ensuite une question bien plus large, celle de l’injection continue de liquiditĂ©s via la dette depuis 2008 
 quel avenir pour un systĂšme dont la monnaie est en trĂšs rapide extension et non capĂ©e en quantitĂ© ? inflation ? pas inflation ? comment expliquer les valorisations actuelles des actifs ?

Certains imaginent, à horizon 10 ans, un monde basé sur :

  • Une “hard money” Ă  quantitĂ© strictement limitĂ©e comme le BTC en guise de monnaie de rĂ©serve (store of value) dĂ©centralisĂ©e et extrĂȘmement fiable. Elle constitue le socle de l’écosystĂšme (Layer 1)
  • Un gigantesque ordinateur dĂ©centralisĂ© (Ethereum, Solana, Tezos, etc.) chargĂ© de faire tourner des applications dĂ©centralisĂ©es (Smart Contracts) permettant d’échanger des actifs numĂ©riques (DAO) de pair Ă  pair sans autre intermĂ©diaire, de prĂȘter et d’emprunter (AAVE, Compound), de s’assurer, de s’aurhentifier (unik) et d’authentifier des transactions comme chez le notaire, et tout un tas d’autres opĂ©rations
  • Plein de monnaies “rapides” et faciles Ă  Ă©changer, servant Ă  effectuer ses petits paiements : Litecoin, Elrond Gold, Dash, etc.
  • Le tout dĂ©centralisĂ©, du stockage de fichiers (Filecoin) au transfert de valeur entre machines et algorithmes sans intermĂ©diaire (IOTA), en passant par le marchĂ© de l’art et de la collection (Decentraland, OpenSean et bien d’autres encore)

Par ici pour un bon lien en français pour comprendre la DeFi (finance décentralisée)

Sinon, voici un excellent site expliquant une partie du fonctionnement actuel de l’économie :D. Marche aussi avec la BCE + le CAC40 et les indices europĂ©ens.

Merci pour votre lecture ! 😊👋

~ Anas EL KHALOUI

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