1. C’est quoi en fait, une blockchain ?

Oui, oui, j’ai bien dit UNE blockchain. Car bonne nouvelle, personne ne possède THE Blockchain et chacun peut créer la sienne et s’en servir pour faire ce qu’il veut. La plus populaire des blockchain est évidemment celle qui porte le Bitcoin (abrégé BTC) car elle a marqué le début de la révolution qu’a lancé un illustre inconnu appelé Satoshi Nakamoto lorsqu’il a créé le concept de monnaie décentralisée et ne dépendant d’aucune autorité centrale.

Mais attention, le Bitcoin est un exemple spécifique et très complexe d’application de la blockchain. Commençons par un rapide retour aux essentiels ! Vous verrez que la blockchain est moins compliquée qu’elle n’en a l’air et surtout qu’elle peut servir à énormément de choses, tant qu’il est question de transmission fidèle de l’information.

En fait, une blockchain est juste un type de base de données (le terme exact est structure de données), une sorte de liste qui a la particularité de pouvoir conserver des données de manière définitive, sécurisée, transparente et surtout partagée. La blockchain est une réponse à une vieille question que se posent les informaticiens depuis les années 1970 : comment partager de l’information dans un groupe sachant que des individus malveillants rodent en essayant de diffuser de faux renseignements et de falsifier des messages.

2. Pourquoi est-ce qu’on en fait tout un fromage depuis quelques temps ?

Il faut l’admettre, la technologie blockchain est particulièrement séduisante pour certaines applications où l’on peut désormais se passer d’un intermédiaire dit «tiers de confiance». Par exemple, lorsque je fais un virement en Bitcoin, aucune banque ou intermédiaire de paiement (pensez à VISA ou MasterCard) n’a le pouvoir de valider ou de refuser ma transaction, mon virement transite par le réseau constitué des autres Bitcoiners qui vérifient si tout va bien et autorisent la transaction de manière tracée (dans la fameuse blockchain !) et définitive. Pas d’autorité centrale donc qui contrôle le système et qui pourrait décider de le modifier. Les opérations de vérification sont opérées par les nœuds du réseau, c’est à dire les utilisateurs de Bitcoin et la liste des transactions est stockée en des milliers d’exemplaires sur les ordinateurs de ces mêmes utilisateurs. L’utilisateur du Bitcoin est donc acteur de celui-ci !

Autre point important par les temps qui courent : un système décentralisé est bien moins vulnérable au hacking et aux actes de cyber-guerre. Le hacking de compte bancaire est devenu très commun car justement les banques, très centralisées et inertes, sont des cibles «faciles» pour les hackers motivés. Un système basé sur la blockchain est en fait inarrêtable alors qu’une atteinte portée au système opérationnel d’une banque peut largement perturber son fonctionnement.

Au-delà de l’application aux crypto-monnaies comme le Bitcoin, d’autres fonctions prometteuses ont été identifiées. La plus remarquable étant l’Ethereum Project que l’on peut voir comme une généralisation et une amélioration du Bitcoin. Ethereum permet en effet de créer des applications décentralisées et des Smart Contracts qui s’exécutent et évoluent indépendamment en déclenchant inévitablement des actions prédéfinies au moment de la signature.

Gros avantage de la monnaie Ether par rapport au Bitcoin : on peut lui affecter une utilisation (token). On a en effet (et c’est plutôt mérité) beaucoup reproché au Bitcoin de servir pour l’achat de biens et services illégaux : drogues, services de tueurs à gages, armes, faux documents, contrefaçon, etc. L’Éther quant à lui peut avoir un usage fixé à son émission. Par exemple, une enseigne de mode peut émettre des Éthers à destination de ses meilleurs clients utilisables uniquement dans ses boutiques !

3. Pourquoi le Bitcoin coûte plus de 2500€ aujourd’hui ?

Edit à Mars 2021: 51 473€ (lien)

• Tout d’abord, un certain nombre d’assouplissement législatifs en faveur du Bitcoin ont eu lieu en 2017, notamment dans de grandes puissances comme la Russie et au Japon. Ceci a contribué à créer un climat de confiance et à lancer la véritable folie qui s’est emparé des crypto-monnaies.
• Le Bitcoin sert de plus en plus comme support à de la fraude fiscale, surtout en Asie (Taïwan) et permet de sortir son argent du circuit classique pour éviter de payer de l’impôt dessus. Il est également la monnaie officielle du Deep Web, cet internet parallèle totalement anonyme et qui échappe à tout contrôle des autorités. Là, un immense marché souterrain prospère, où l’anonymat est simplement indispensable.
• Ensuite, un très gros phénomène de mode porté, il faut le dire, par beaucoup d’incompréhension. Dans un contexte de taux bas, beaucoup de particuliers voient le Bitcoin comme un produit d’investissement à très haut rendement. Et ça se comprend vue l’évolution récente de la bête ! Une des conséquences de cet effet de mode est la grande volatilité du prix Bitcoin, c’est à dire sa capacité à varier sur de grandes amplitudes de manière imprévisible et brutale. Les petits investisseurs en effet achètent quand le prix est en train de monter et se déchargent très vite de leurs Bitcoin dès que celui-ci commence à baisser (contrairement à ce que ferait un investisseur averti !) . Sachant que le prix du Bitcoin est fixé exclusivement par la rencontre de l’offre et de la demande, toutes les variations de prix sont largement accentuées.

4. Est-ce que le Bitcoin a une vraie valeur intrinsèque, dois-je investir dedans immédiatement ?

Soyons clairs, non. Et oui en même temps !

Mais comme pour tout, la valeur d’une chose vient du fait que les gens veulent la posséder. Si le Bitcoin coûte 2500€ et continue à s’apprécier, c’est parce que plus de personne souhaitent l’acheter à ce prix qu’il y a de vendeurs à ce même prix. On assiste dans le cas de la monnaie Bitcoin à un véritable phénomène de mode, le «buying on hype». Vu que le Bitcoin est bien plus compliqué qu’une simple monnaie et qu’il est perçu comme un produit d’investissement (tout comme les actions ou les obligations), son prix est largement surévalué. Comme dans tout marché, une correction aura lieu lorsque les acteurs comprendront mieux ce que c’est et ce qui fait sa valeur intrinsèque. Eh oui, le Bitcoin colle parfaitement à la définition de la bulle spéculative qui est donc destinée à éclater ! La question est : QUAND ? Et ça personne ne le sait. Pour le moment, le prix augmente de manière totalement folle, le nombre de Bitcoiners augmente et les nouveaux arrivants sont prêts à payer très cher pour acquérir le précieux (???) sésame.

314USD en janvier 2015, 3 018USD il y a une semaine (le 11 juin 2017) et 2 611USD aujourd’hui (2017) … sinon tout va bien !

Bon à part le côté spéculatif, qu’est ce qui rend le Bitcoin intéressant ? * Il permet des transactions en dehors du système bancaire international mais néanmoins parfaitement traçables et en théorie fiables. * Il n’est pour le moment pas lié à un pays, une institution ou une juridiction qui pourrait s’effondrer. C’est donc une valeur perçue comme «sûre» et «solide» car indépendante. * Le Bitcoin est, du point de vue technique, une très belle réalisation. Posséder quelques fragments de Bitcoin et s’en servir pour faire des paiements ou des virements a un petit côté magique. C’est un peu comme l’écran tactile du premier iPhone ou enfiler un casque de réalité virtuelle pour la première fois 😄. En réalité, les premiers Bitcoiners voyaient cette monnaie comme une curiosité, un objet de collection.

4. Qu’est-ce que l’Ethereum ? Pourquoi est-ce qu’il change complètement la donne ?

Ethereum est le nom d’un nouvel arrivant sur la scène Blockchain. Il permet à ses utilisateurs de créer des contrats intelligents et de les exécuter sur le réseau avec éventuellement des transferts financiers en Ether. Un smart contrat est exécuté automatiquement conformément au code qu’il porte. Selon Blockchain France, le “smart contract” désigne “des programmes autonomes qui, une fois démarrés, exécutent automatiquement des conditions définies au préalable. Ils fonctionnement comme toute instruction conditionnelle de type”si-alors" (si telle condition est vérifiée, alors telle conséquence s’exécute)" La caractéristique la plus intéressante de l’Ethereum aujourd’hui correspond à un point que l’on reproche beaucoup au Bitcoin. Il est possible d’émettre de l’Ether en affectant sa dépense à un ou plusieurs vendeurs. Par exemple, je peux émettre une somme en Ether qui ne peut être dépensée que chez une liste de vendeurs que j’ai choisis au préalable.

5. J’ai décidé de me lancer dans les crypto-monnaies par curiosité ou pour investir ! Comment je fais exactement ?

Commence donc par te renseigner un petit peu plus sur cette page. Des notions importantes sont les wallets, le minage et les caractéristiques générales des crypto-monnaies. Une fois que c’est fait, c’est le moment d’acheter ses Bitcoins ou autres (Il existe un paquet de devises !).

Que La Force soit avec toi.

Petit conseil, sur le marché des cryptos comme sur les marchés plus classiques, la diversification est reine. Il existe donc des méthodes quantitatives de création de portefeuilles équilibrés en termes de risque comme celle très bien expliquée dans cet article & qui nécessite une connaissance du langage Python pour être mise en oeuvre. Pour rappel, un bon portefeuille a été constitué à l’issue d’un processus de sélection de titres pour créer le portefeuille le plus efficient possible, c’est à dire qui possède la rentabilité maximum pour un niveau de risque minimum.

Bonne chance (Vous en aurez besoin !) 😉

6. Finalement, est-ce que la Blockchain c’est le futur ?

Edit 2021: j’ai changé d’avis

Soyons francs, pour une utilisation normale hors spéculation, les monnaies basées sur la blockchain n’ont pas trop d’intérêt pour le moment : c’est lourd, c’est compliqué, et ça a un impact environnemental non négligeable (faire tourner le réseau Bitcoin est très gourmand en calculs et donc en électricité). Est-ce vraiment nécessaire de déployer autant de technologie pour faire tourner un système qui n’a (pour le moment) pas d’avantage comparativement au système classique ?

Par contre, les autres applications des blockchains sont bien plus prometteuses !

• Par exemple dans le domaine de l’IoT (Internet Of Things, i.e Internet des Objets connectés), on peut imaginer des réseaux autonomes d’objets connectés qui communiquent entre eux de manière sécurisée via une blockchain. Ce genre de solution sera bientôt déployé sur des réseaux d’objets connectés utilisés dans les domaines de l’énergie ou de l’agriculture. Les objets connectés constituant le réseau peuvent être des compteurs, des capteurs, des panneaux de commande, des drones autonomes, des robots divers, etc.
• Des projets de stockage décentralisé basé sur cette technologie sont également en train d’apparaître. Les ordinateurs personnels & smartphones ont de plus en plus de capacité de stockage, bien souvent inutilisée. Sur le volume d’appareils en circulation, l’espace total de stockage totalement libre et inutilisé est tout simplement pharaonique. Et si chacun de nous stockait ses données de manière cryptée et sécurisée dans un réseau ? l’enjeu est de taille pour les particuliers et les entreprises : réparties et répliquées des centaines de fois, les données sont totalement à l’abri, disponibles et gravées à jamais dans un réseau pour un coût dérisoire (cf. HBO Silicon Valley). Plusieurs startups se sont lancées : Storj, Siacoin.
• Concernant les smart contracts, la révolution est déjà en marche ! Alors qu’un contrat légal traditionnel définit les règles d’un accord entre plusieurs parties, un Smart Contract va plus loin et fige ces règles dans une Blockchain tout en gérant le transfert d’actifs- quel qu’ils soient - lorsque les conditions contractuelles sont vérifiées. Ainsi, un actif est lié à un programme lui-même évoluant dans une blockchain. « Le programme lance le code à un moment donné s’il valide automatiquement une ou plusieurs conditions et il détermine alors si l’actif doit être envoyé à une personne ou renvoyé à une autre, ou s’il doit être remboursé immédiatement à la personne qui l’a émis, ou une combinaison de tout cela. Ethereum fournit de quoi développer de tels contrats, l’actif supporté étant l’Ether. En prévoyant des protocoles qui se déclenchent dès que les termes du contrat sont rompus, les Smart Contracts incitent également les acteurs à respecter scrupuleusement les règles du jeu. En France, de grandes entreprises comme le groupe Crédit Agricole réalisent déjà des expérimentations diversifiées dans le domaine.

En fait, on est en train d’assister à l’apparition d’une nouvelle industrie qui ne jure que par la mise en commun des ressources et par la construction de réseaux plutôt que de services centraux. La blockchain est en fait un moyen de distribuer, de répartir la confiance.

Au fait, si l’on peut se passer d’un tiers de confiance pour quelque chose d’aussi sensible qu’une transaction financière, pourquoi ne pas le faire pour l’échange de services ? à quand les versions décentralisées & indépendantes de Uber, Airbnb ou Blablacar ?

Edit début 2021: article ancien, les choses ont un peu bougé, et j’ai changé d’avis sur pas mal de choses #bitcoin 😉

• Anas EL KHALOUI.